MON JOURNAL LUNAIRE

MON JOURNAL LUNAIRE

Cher journal,

2008

Je me revois, descendre l’escalier qui menait à la cuisine où Nanou et Voxy dormaient. J’avais acheté seule, sept ans auparavant, cette jolie petite maison de ville de deux étages, pensant que je finirais ma vie ici. Beaucoup de travaux restaient à faire cependant je m’y sentais bien, mais ce matin-là, une pensée m’obsédait, j’avais beau essayer de me concentrer sur les priorités de la journée rien n’y faisait. Une bonne odeur de café et de pain grillé inondaient la maison, l’heure du petit déjeuner était sacrée, Nanou adorait me lécher la cheville en signe d’affection, premiers gestes, premiers câlins, premiers jeux du matin quant à Voxy, jeune chiot, il attendait patiemment sa première friandise. Quelques années plus tôt, Seb. mon fils, avait eu un accident de moto, une voiture lui avait coupé la priorité, par chance, il s’en était bien sorti, mais j’ai toujours jugé ce moyen de transport, beaucoup trop dangereux cependant, les enfants grandissent et prennent leur envol, avides de devenir des « hommes debout », parfois immatures, encore ignorants, ils s’élancent à tombeau ouvert dans la vie, ivre de sensations ils défient les lois. La matinée avançait et la pensée s’enracinait. Depuis mon réveil, un scénario s’organisait autour de Seb., lancé à vive allure, un terrible engin roulant se faisaient percuter par une voiture, une scène se répétait, éjecté, le conducteur de la moto heurtait violemment une barrière de sécurité. Afin de rompre l’enchantement, je décidais d’appeler Seb. Il n’avait plus touché à un deux roues depuis son accident, tout en composant son numéro, je me demandais si il ne m’avait pas menti ou caché quelque chose. « Seb. ! » En lui décrivant la vision qui me hantait, il me répondit, surprit, que non, il ne me cachait rien mais en revanche, il pensait fortement ces derniers temps à reprendre la moto et, il avait même l’intention de s’inscrire pour passer le permis grosse cylindré. Cette nouvelle me fit sortir de mes gons, je haussais le ton pour affirmer mon autorité, fermant maladroitement la porte à tout dialogue. je lui interdit même d’entreprendre cette démarche. « Maman attend ! » J’ai été témoin d’un accident hier on dirait ta vision le choc a été violent et, je crois bien que malheureusement le conducteur est décédé. Avec moi, Seb. n’était pas très démonstratif mais plutôt réservé, il ne me livrait que rarement ses sentiments, mais je savais bien au fond de moi qu’il avait dû être très choqué. Nous avons toujours eu beaucoup de mal à communiquer et je m’en voulais d’avoir été aussi vindicative, d‘avoir dans mon affolement, perdu mon sang froid. Comment avais-je pu l’oublier, comment avais-je pu négliger sa sensibilité, malgré tout l’idée qui germait en lui ne me laissait pas l’esprit tranquille et, je ne pouvais pas compter sur l’appui de son père, car il voyait en son fils, un rival à évincer et, c’est en partie pour ça que j’avais divorcé, pour protéger Seb. Le sol se dérobait sous mes pieds toutefois, je conservais l’espoir d’avoir semé l’indécision dans son esprit. Une journée de consultations m’attendait et je savais que j’aurais beaucoup de mal à rester concentrée, je me suis ménagée quelques pauses. La pièce où je recevais n’était pas très grande, un radiateur en fonte maintenait une chaleur confortable, l’unique fenêtre donnait sur une rue passagère où d’épais rideaux me cachait des regards indiscrets, un grand bureau en bois clair accaparait l’espace, dehors il faisait gris. J’allumais la lampe en marbre jaune et vert posée sur le coin du bureau, un bâton d’encens, et une musique de relaxation agrémentaient l’ambiance zen pour démarrer ma journée de travail.  J’étais affolée rien que d’imaginer mon fils piloter à nouveau une moto, mon sang se glaçait, blottie sous l’énorme couette en plume je n’arrivais pas à me réchauffer, être maman supposait une activité à plein temps, loin des 35 heures. Dans la maternité il n’y a pas que les contractions qui sont douloureuses, tous les jours on confie ses enfants au monde. A cette époque, aux responsabilités familiales venaient s’ajouter la responsabilité de mon activité, la gestion de la maison et de ma nouvelle vie qui débutait, comme j’avais envie d’être ailleurs. Épuisée de lutter contre ces pensées envahissantes, je me suis endormie après avoir lu quelque ligne du « DA VINCI CODE ». En pleine nuit, alertée par un bruit, je me redressais brutalement, c’est alors, qu’une silhouette apparue dans l’encadrement de la porte de ma chambre, je reconnus intuitivement… Chéri tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé ….à suivre…

 

Mardi ne pas tomber dans l’excès, tâchons de garder le contrôle. Mercredi, journée idéale pour se cultiver. Jeudi, plus il y a de choses à faire mieux c’est. Vendredi, la journée se prête aux échanges, profitons-en. Samedi, tout le monde sait que faire les choses à moitié, ne fonctionne pas. Dimanche, qui sait nous serons peut-être mis à l’honneur aujourd’hui. Lundi, certains seront peut-être en vacances, la journée est pleine d’imprévus.

Bonne semaine. Monique B.

 

1 commentaire

  1. Marco dit :

    Bonjour Monique,

    Depuis le début de la semaine j’ai lu ton journal …

    Je me souviens très bien de ta maison … un véritable coup de cœur, je l’aimais beaucoup …
    Avec la description de ton cabinet entre autre …
    j’étais pratiquement projeté dedans comme si s’était hier …
    et la bouffée d’oxygène d’être là en ta présence et dans ces murs …

    Ça m’a interpellé les fondements de la sensibilité de ton fils car finalement, le tenant et l’aboutissant sont les mêmes par rapport à mon vécu et par deux personnes ou plus !?! …
    Malheureusement cela ressurgit encore et atteint maintenant mes enfants.

    Aimer ses enfants, même si l’on ne se comprend toujours pas au fil du temps,
    Garder le lien, le contact afin que cela nous touche dans le bon sens et non pas que cela nous atteigne …

    D’autant plus difficile pour les enfants tout au long de leurs cheminement vers la vie d’adulte et d’arriver à assimilé, parfois avec peine, certaines vérités qui se montrent au grand jours pour finalement nous faire avancer, nous protéger et démontrer que nous avons tous notre propre mode de fonctionnement …

    Des êtres sont bons et censés et d’autres le son moins voir pas du tout.

    C’est de là que l’on commence à faire du tri dans sa tête et dans sa vie, savoir où l’on se situe et avec qui,
    et de mieux comprendre ceux qui nous on donné la vie ou témoin de celle-ci,
    de nous avoir protéger ou pas compris.

    Biz Monique et à bientôt.

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