MON JOURNAL LUNAIRE

MON JOURNAL LUNAIRE

Cher journal je vais de raconter comment j’ai débuté, ma rencontre

1983

Je me rappelle comme si c’était hier, la porte d’entrée en bois clair s’ouvrit, laissant apparaître la silhouette d’un « Grand Monsieur » aux yeux d’un bleu pertinent. Lorsque l’on évoque son nom, sa magie opère toujours et, l’image d’un regard fascinant et impressionnant surgit de notre mémoire. Dominique Webb en personne ! J’avais été prévenue de son arrivée quelques jours avant cependant, ce jour-là c’est avec une timidité qui faisait peine à voir que je le priais d’entrer. J.M l’avait rencontré fortuitement quelques temps auparavant, au fil du temps et des conversations, il avait proposé ses services au Magicien. J.M était un bosseur ingénieux toujours en mouvement mais au caractère intraitable. Il s’était rapidement familiarisé avec l’artiste lui révélant un peu de notre intimité, il lui avait même raconté que j’aimais lire l’avenir dans les cartes. Dominique avait acheté le château du village et avait redonné à ce monument historique, abandonné de toute vie depuis très longtemps, un second souffle en le baptisant « Le Château Magique ». Il recherchait une voyante pour animer des salons dédiés au paranormal. Installé dans notre salon, il me demanda si j’étais intéressée, je peux te dire qu’un curieux mélange de sentiments et d’émotions secouaient fortement ma poitrine, j’étais à la fois emballée et impressionnée, j’ai même hésité par crainte de ne pas être à la hauteur, mais le charme naturel de Dominique et sa gentillesse m’ont mis en confiance et j’acceptais de relever ce qui était pour moi à cette époque, un véritable défis. Avant de partir il me proposa deux mois pour me parfaire en m’invitant à l’appeler si j’avais besoin de quoi que ce soit. Cher journal tu n’imagines même pas dans quel état de stress je me suis retrouvée !! Par ailleurs, je n’avais pas repris mon travail pour m’occuper de ma fille Vic, sa maladie me demandait beaucoup d’heures de soins. C’est durant l’été 1983 dans une ambiance chaleureuse, au cœur de cette grande bâtisse, aux couloirs sciemment décorés de longues toiles d’araignées et parsemés de têtes coupées, que ma Destinée prit un nouveau sens. Sous l’œil attentionné et généreux du maître de céans, illusions et ésotérisme vivaient en parfaite harmonie. Je suis certaine que ces murs ont gardé l’empreinte de son passage et que l’on peut y entendre encore son rire et son humour. Avec son chapeau magique, Dominique Webb le roi de la grande illusion au regard hypnotique m’a transporté dans un nouveau monde où régnait la joie de vivre…

L’automne arrivait à grand pas, déjà les nuages avaient recouvert le bleu du ciel d’un gris poussiéreux. Notre maison était à quelques mètres des grandes grilles en fer forgé rouillé par l’action corrosive du temps qui ornaient l’entrée du Château. Je m’engageais dans la très longue allée qui serpentait autour du parc où des arbres majestueux et centenaires régnaient en maître. J’ai passé toute mon enfance et adolescence dans un château mais celui-ci m’avait toujours beaucoup intrigué, j’avais souvent rêvé d’entrer dans cette demeure fortifiée et, je laissais libre court à mon imagination sur le passé de ces vieilles pierres dissimulées derrière les hautes herbes. Et je me demandais par quel mystérieux hasard j’avais pu me retrouver face à cette vaste demeure.

En pénétrant dans l’immense domaine je pouvais distinguer au loin le petit pont qui surplombait les douves et menait à l’entrée principale. Deux grandes tours rondes se dressaient fièrement de chaque côté de ce Castle de deux étages, renforçant son caractère imposant. Certes ce n’était pas « Poudlard » mais côté décor on s’y approchait, en guise de lac un étang longeait l’enceinte. En empruntant l’escalier double qui menait au perron j’étais émue, car ma vie changeait d’une façon singulière. Mon entrée dans ce lieu était un privilège. Une porte fenêtre desservait un grand hall au plafond très haut, magnifiquement redécoré où d’étonnantes surprises accueillaient les badauds. Tout était minutieusement orchestré et prenait vie dans les mains du célèbre illusionniste. Son piano blanc s’élevait dans l’air, et tournoyait pendant que la pianiste impassible jouait sa partition. Une femme maintenue allongée par le regard hypnotique du maître des lieux lévitait à quelques mètres du sol. Placée à l’entrée d’un couloir une tête sans corps reposait sur un grand fauteuil de velours rouge et nous indiquait le sens de la visite, une deuxième posée sur une table en verre, veillait sur les visiteurs afin qu’ils ne s’égarent pas. Un des salons renfermait quelques adeptes du spiritisme, le guéridon en bois foncé s’agitait sous les pratiques d’un medium en état de transe. Non ce n’était « Poudlard » à l’arrière du château, ce n’était pas non plus des balais que l’on voyait voler, mais bien les baguettes magiques des magiciens qui se joignaient à Dominique sous le regard émerveillées des curieux. Cartes à jouer et Tarots se confondaient, tandis que les premières disparaissaient les autres  narraient des histoires émouvantes. Domino le cracheur de feu concentré s’exerçait, et ne se laissait pas impressionné par les esprits joueurs qui s’amusaient à faire craquer les meubles, claquer les fenêtres ou bouger les vieilles tapisseries qui décoraient les nombreuses salles…

Monique de Verderonne

Voyante du Château Magique

Mon nouveau titre en poche, mon premier nom d’emprunt choisit par Dominique lui-même, je m’installais à une table dans un des grands salons du Château. Comme la première fois j’étais très impressionnée. Bien évidemment, j’étais très fière de cette publicité cependant, je n’étais qu’une apprentie, et ma tenue ample de couleur sombre n’était pas la tenue réglementaire du Château Magique, mais plutôt une tenue choisie par mes soins, sous laquelle je tentais de dissimuler mon manque de confiance en moi. En disposant mes cartes et tarots sur cette table mise à ma disposition, je sentais les battements de mon cœur s’accélérer. La peur d’essuyer un échec gagnait du terrain. En voyant une femme d’allure jeune s’approcher timidement, peut-être par peur de ce qu’elle allait entendre, les crampons du trac s’accrochaient à moi, absorbant petit à petit toute ma vitalité. Elle me fixait, son regard était doux, ses longs cheveux grisonnants étaient nattés, placés sur le côté et agrémentés d’un joli nœud en ruban de velours noir. Ce qui se déroula ensuite restera secret et magique car, sous l’effet du lieu très certainement, ce sentiment irraisonné et irraisonnable d’appréhension se métamorphosait, et m’encourageait à livrer le meilleur de mon sixième sens. La consultation s’était achevée chaleureusement avec le sentiment d’avoir réussi à fidéliser cette nouvelle cliente, ce qui se révéla juste plus tard. Pour m’aider à renforcer la confiance qui me faisait défaut, Dominique m’avait suggéré quelques conseils judicieux. Si l’on connait de réputation l’homme de scène, on connait peut-être un peu moins l’Homme généreux, l’Homme qui aimait sincèrement soulager les autres. Dominique avait tenu à me faire rencontrer un Mage pour m’aider à me familiariser avec les tarots. Un soir, ce Mage avait fait un crochet vers notre maison, son visage halé tranchait avec sa grande cape écru, je me souviens de son élégance gestuelle lorsqu’il saisit le coffret qui renfermait les précieuses lames du Grand Tarot de Belline, son outil préféré. Comme un rituel il les étala soigneusement sur un tapis, face dévoilée. Serein et concentré malgré la fatigue de la journée il affichait une aisance et ses explications étaient claires, je pouvais en prendre de la graine. Par ailleurs, j’étais impatiente d’apprendre, j’étais une assoiffée de connaissances, je dévorais les livres, Le château Magique était devenu mon « POUDLARD » une école où j’apprenais vite, et me plongeait chaque semaine dans une nouvelle expérience…

 

 

 

 

 

3 commentaires

  1. Jacques dit :

    Bonjour Monique,

    Que de souvenirs de tes débuts….. Dominique Weeb était un grand bonhomme à l’époque….je l’ai vu sur la scène de l’Olympia à Paris…..
    Il savait percer les gens de ses yeux si bleus…..
    J’aime les gens de la sorte…..la magie , les sciences occultes et le paranormal……
    Ce qui me fait parfois passé pour un fou…..
    Ce n ‘est pas grave…..
    On ne peut pas plaire à tout le monde lorsque l’on sort du moule…..
    Voila mes pensées du jour…..
    Prends soin de toi et de tous les tiens….
    Pensées pour tous ceux que tu aides……
    Amitiés profondes……
    PS: As- tu des nouvelles de notre Amie commune?

  2. Sabo dit :

    Chère Monique (de Verderonne),
    Quel récit !! À vous lire, je suis à Verderonne avec vous.
    Passionnant ! Continuez ce récit svp ….
    Je vous embrasse fort 💖🥰🌟

    1. Monique B. dit :

      Bonjour Catherine
      Merci beaucoup promis je vais essayer de continuer.
      Je vous embrasse fort également.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *